mercredi 8 décembre 2010

Phénomène de «PUMP» - Hypertrophie transitoire

Nous sommes de retour cette semaine avec un article très intéressant sur l'hypertrophie transitoire. Ce dernier a été écrit par Philippe Bergeron, collègue et kinésiologue. Vous comprendrez enfin pourquoi les culturistes se pompaient les muscles!

Bonne Lecture!

Depuis plusieurs années, les culturistes parlent du phénomène de «PUMP» comme étant une des sensations les plus satisfaisantes qui soit. Le terme «PUMP» se nomme hypertrophie transitoire et est observé lorsqu’il se produit une accumulation de fluides (plasma sanguin) dans les espaces interstitiels et extracellulaires du muscle. [Plus simplement, lorsque le sang s’accumule dans le muscle].  Ce liquide est donc forcé de traverser la paroi des artérioles à cause d’une augmentation de la pression hydrostatique causée par le cœur qui pousse le sang contre un circuit fermé. Il est important de mentionner que dans ce cas ci le circuit fermé est catégorisé comme étant la contraction musculaire locale d’un muscle qui, pour le temps d’une contraction, vient comprimer les capillaires et coupe donc momentanément la possibilité de circulation du sang à travers le système. Le cœur pousse donc du sang dans des vaisseaux qui sont momentanément bloqués. Ainsi, le sang se trouve comprimé contre les artères et le liquide sort des vaisseaux sanguins. Le liquide se trouve donc emprisonné pour une courte période dans les espaces interstitiels et extracellulaire du muscle.

Suite à l’arrêt de l’exercice, la pression hydrostatique se rétablie et par le phénomène de pression osmotique le liquide reprend sa place dans le vaisseau sanguin. Ce phénomène est étroitement relié au processus d’hyperémie active qui est en fait un réflexe du corps humain. Ce dernier a pour but de faire la redistribution du sang dépendamment des besoins de l’organisme. Lorsque des muscles sont activés le système va rediriger la circulation sanguine vers les zones où les besoins sont le plus grand et par le fait même va diminuer l’apport aux zones où les demandes en oxygène et ou en nutriments sont moins grandes. Les réserves de l’organisme se trouvent notamment dans la ratte et les organes. 

Tous ces phénomènes nous amènent à mettre en relation les fonctions du sang, le phénomène d’hyperémie active  ainsi que l’hypertrophie transitoire. Considérant que les fonctions du sang sont la régulation du ph, de la teneur en eau des cellules, le transport de l’oxygène, du dioxyde de carbone, des nutriments, des hormones et des métabolites, nous pouvons faire un lien entre la nécessité de l’organisme de rétablir la pression osmotique après un travail musculaire, la vasodilatation et la possibilité de croissance musculaire. En ce sens, l’hypertrophie transitoire qui est causée par le travail musculaire établit une différence de pression osmotique due à l’accumulation de liquide dans l’espace interstitiel. Voulant régler ce problème suite à l’arrêt de l’exercice l’organisme continue momentanément de faire circuler le sang dans un muscle avec un réseau capillaire complètement ouvert. Par le fait même, les hormones, les acides aminés ainsi que tous les autres facteurs nécessaires à la croissance musculaire sont amenés  dans le muscle en pleine demande de nutriments ce qui favorise cette croissance musculaire. Il est donc important de s’assurer d’apporter tout les éléments favorisants la croissance (acides aminés, hormones etc.) dans la période où le muscle est complètement réceptif.

Théorie vs Études

Le phénomène de «PUMP» sur lequel nous avons élaboré est basé sur des relations prédictives et il est évident que des études scientifiques sont nécessaires afin de prouver le concept. Afin d’appuyer les dernières informations je vais présenter sommairement les résultats de quelques études qui portent sur le travail en résistance avec occlusion musculaire. Le but de ces études était de démonter si l’utilisation d’un outil externe comme une bande élastique (garrot) pouvait contribuer à l’augmentation de l’hypertrophie. Dans les deux études l’utilisation d’une bande élastique était utilisée afin de limiter le passage du sang dans un groupe de muscles précis. Dans les deux cas, l’occlusion musculaire a eu un effet positif et les augmentations de force et de volume musculaire dans leurs zones respectives étaient supérieures comparativement à un groupe contrôle (sans l’utilisation du garrot). 

Nous pouvons donc déduire que l’augmentation de l’afflux sanguin et l’augmentation de l’hypertrophie transitoire effectuée par processus mécanique est bénéfique pour la croissance musculaire. Nous pouvons donc être portés à croire que la recherche d’hypertrophie transitoire sans outil mécanique peut être aussi bénéfique pour la croissance musculaire et qu’il est tout à fait justifiable de rechercher cette sensation à l’entrainement. Nous sommes donc amenés à croire que les culturistes avaient raison de croire que l’hypertrophie transitoire surnommée «PUMP» pouvait être bénéfique pour la croissance musculaire.

Conclusion

Dans cet article, de nombreux concepts ont été abordé de façon très rapide et l’explication de tous les concepts en détails demanderait l’élaboration de nombreux articles et de nombreuses pages de rédaction. Le but de ce dernier était de faire un survol rapide du fonctionnement de certains concepts telle l’hypertrophie transitoire. Un prochain article en lien avec ce dernier mettra en évidence l’importance de posséder une base suffisante de forme cardiovasculaire dans un processus de prise de masse musculaire dès la semaine prochaine.

Références :
1-      Labrecque, S (2009). Kin – 242 – Traumatologie sportive. Notes de cours, Université de sherbrooke
2-      Loenneke, J., Wilson, G., & Wilson, J. (2010). A mechanistic approach to blood flow occlusion. International Journal Of Sports Medicine, 31(1), 1-4. Retrieved from MEDLINE with Full Text database.
3-      Royer, D (2008). KIN-211 -  Physiologie de l’effort 2. Notes de cours, Université de Sherbrooke

4-      Royer, D (2008). KIN-212 -  Physiologie de l’effort 1. Notes de cours, Université de Sherbrooke
5-      Yasuda, T., Fujita, S., Ogasawara, R., Sato, Y., & Abe, T. (2010). Effects of low-intensity bench press training with restricted arm muscle blood flow on chest muscle hypertrophy: a pilot study. Clinical Physiology & Functional Imaging, 30(5), 338-343. Retrieved from SPORTDiscus with Full Text database.
6-      Weineck, J (1997). Manuel d’entrainement. Paris : Vigot